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CRER - Collectif contre les Rafles, les Expulsions et pour la Régularisation
CRER - Collectif contre les Rafles, les Expulsions                 et pour la Régularisation
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14 février 2017

Notre nouveau Carnet noir sur les centres fermés est en ligne!

Couverture Carnet

 

Le nouveau numéro des ses Carnets noirs sur les centres fermés est consacré au réseau « Amoureux, vos papiers! » et à tous les couples en lutte contre les politiques migratoires harcelantes en Belgique et ailleurs. À télécharger ci-dessous et partager avec amour !

Éditorial

Mariages blancs, mariages gris… la chasse aux faux amours est lancée.
Selma Benkhelifa, avocate (Progress Lawyers Network)

Pour se marier*, il faut se rendre à la commune. La procédure est assez simple, sauf si un des futurs époux n’a pas de séjour légal ou est en séjour temporaire. Selon certaines communes, le simple fait d’être « illégal » suffit à lancer l’enquête pour suspicion de mariage blanc.

Le dossier est alors envoyé au procureur du roi. Parfois le futur époux est détenu en centre fermé et arrêté alors qu’il se rendait à la commune pour finaliser sa demande de mariage. Les futurs époux seront interrogés séparément par la police. Ils doivent répondre à des questions sur l’autre, sur leur vie de couple, sur leur intimité. Les questions frisent parfois l’absurde: connaissez-vous le poids, la taille ou la pointure de votre amoureux? Des réponses fausses ou un refus de répondre conduisent à une décision de refus. Mais des réponses parfaitement exactes peuvent aussi conduire à une décision négative. La notion ahurissante de « mariage gris » entre en jeu. La police considère que l’un des futurs époux -l’étranger- n’est pas sincère, l’autre -le belge- est trop naïf. Des allusions racistes explicites sont parfois proférées à la victime naïve: « les Camerounaises sont toutes comme ça. Elles épousent un blanc juste pour les papiers. » ou « Monsieur est tunisien, donc musulman, dans leur culture ils ne respectent pas les femmes. »

Le procureur va alors refuser la célébration du mariage pour protéger le citoyen crédule. L’Etat se substitue au jugement d’un adulte en pleine possession de toutes ses facultés. C’est d’autant plus choquant qu’il n’y a pas de plaignant. Le ou la futur(e) époux belge – jugé trop stupide pour faire ses propres choix – est souvent choqué d’être qualifié de « naïf » par le parquet. Nos amoureux devront alors introduire une requête devant le Tribunal. Après des mois, voir un an d’attente, un juge se penchera sur leur histoire pour la juger valable ou pas, belle ou pas, romantique ou pas. Un jugement des plus subjectifs qui décidera de leur avenir: autorisation de se marier…ou pas.

Au delà du drame humain, comment admettre que le parquet soit détourné de sa fonction initiale de poursuivre les délits pour se pencher sur la sincérité d’un amour? Le même parquet dont on nous dit souvent qu’il est en sous-effectif et ne peut pas poursuivre des fraudeurs fiscaux et autres criminels en col blanc qui échappent toujours à la justice. On pourrait espérer qu’il cesse de perdre son temps à la chasse aux faux amours pour s’attaquer aux vrais problèmes de notre société.

Par définition, l’amour échappe au droit. Aucune procédure judiciaire ne peut résoudre cette question: est-ce qu’ils s’aiment vraiment?

*La procédure est identique pour la cohabitation légale. Pour la lisibilité, je ne parlerai que du mariage mais la situation est la même pour ceux et celles qui désirent cohabiter.

Carnet_Amoureux_14_2_2017

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