Lettre ouverte à Louis Tobback suite à l'arrestation d'un réfugié afghan
(version en néerlandais ci-dessous)
Cher Monsieur Tobback,
un étrange syndrome se répand parmi les politiques belges, et il semblerait que vous ayez été touché. Nous vous écrivons afin de vous mettre en garde contre ce virus qui transforme des hommes et des femmes en automates défendant aveuglement le principe “la loi c’est la loi”.
Comme vous le savez sans doute, c’est au nom de ce principe que la secrétaire à l’asile et à la migration Maggie De Block refuse depuis des mois d’écouter les revendications des réfugiés afghans qui, malgré les expulsions et les violences policières, continuent de lutter avec une dignité et une ténacité exemplaires. Un de ces réfugiés, Taj, est aujourd’hui détenu au centre fermé de Vottem. Il a été arrêté pendant qu’il se rendait à Louvain pour y prendre des tentes devant protéger du froid glacial les dizaines d’afghans qui, depuis presque une semaine, dorment à l’église du Béguinage: des hommes, des femmes et des enfants que les autorités belges pourchassent depuis des mois, d’évacuation en évacuation, dans l’espoir que ces personnes acceptent un retour “volontaire” en Afghanistan. Mettez-vous à leur place, si vous en êtes encore capable: accepteriez-vous de retourner dans un pays instable et violent comme l’Afghanistan, et d’y emmener vos enfants?
Mais peut-être ne devrions-nous pas nous surprendre de l’inflexibilité (vous apprécierez l’euphémisme) que vous manifestez en tant que bourgmestre de Louvain, responsable donc de l’arrestation de Taj. Peut-être n’est-ce pas aujourd’hui que vous avez été infecté par le virus qui ravage Maggie De Block. Vous souvenez-vous de Semira Adamu, cette jeune fille nigérienne tuée par la police belge lors de son expulsion en 1998? Vous étiez ministre de l’intérieur à l’époque, et vous aviez dû démissionner. C’était il y a quinze ans, mais vous ne semblez toujours pas avoir compris une chose essentielle: la loi et la politique sont au service de l’être humain, et non l’inverse.
Nous aimerions nous tromper dans notre analyse. Nous attendrons avec impatience votre réaction. D’ici là, nous vous invitons à vous joindre à nous pour exiger la libération de Taj et à l'accompagner au Béguinage. Allez parler avec ces réfugiés, écoutez leurs histoires. Vous déciderez ensuite quelle est la loi que vous voulez vraiment défendre.
Contact presse: Oscar 0496 40 33 09